Essai vidéo réalisé avec Allan Deneuville pour le colloque «La circulation des images», 15-18 Juin 2020, organisé par le Centre d’Excellence Jean Monnet IMAGO (École Normale Supérieure, Paris), la chaire de Digital Humanities de l’Université de Genève et les Beaux Arts de Paris.

Résumé: Si le numérique a changé en profondeur les codes de la séduction et de représentation de la sexualité par le tout à chacun, notre contribution s’interrogera pour sa part sur la nature paradoxale de certaines images privées de teneur sexuelle liées à des affaires publiques – entre autres, le cas espagnol de La Manada et celui de Benjamin Griveaux – et du régime de visibilité que nous nommerons « porno-politique du visuel virtuel ». En circulant à travers la sphère publique sans matérialité, elles gagnent en vitesse, et ne subissent aucune détérioration : bien au contraire, leur pouvoir de fascination et d’action s’accroît en tant que » fantômes d’une image «, échappant au fétiche de la visibilité grâce à un autre fétiche, celui de l’interdit, sous la forme de parasite de l’inconscient. Face à l’impossibilité de voir, on les crée nous-même, puis on les imagine flottant, temporairement, quelque part dans les territoires sombres de la deep web. C’est ainsi toute la dialectique du visible et de l’invisible ou irreprésentable, mais également les catégories-même d’image et de vision qui se trouvent questionnées dans l’écosystème virtuel. Comment ces images virtuelles acquièrent-elles une agentivité politique, non pas par leurs qualités esthétiques mais par leur valeur d’échange et leur rareté, n’ayant «presque pas d’autre consistance que celle de leur aptitude à passer de regard en regard » ? Quelle position occupent-elles dans la société de classes des images ?